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Lille, Tours, Montpellier, Bordeaux, l’hypnose médicale s’est implantée dans tous les grands CHU de France.

En passant par l’observation d’une photo, à une manipulation plus physique et psychologique, elle se pratique sous plusieurs formes et pour des opérations variées.

Des centres de formations s'ouvrent au sein même des hopitaux, les facultés de médecine accueillent de nouveaux diplômes universitaires spécialisés en hypnose médical. Un engouement pour cette hypnosédation envahit le milieu hospitalier, mais connait tout de même une certaine réticence.

 

On peut donc se demander, comment l'hypnose a-t-elle réussi à s'implanter dans le milieu médical ?

 

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L’hypnosédation consiste à anesthésier un patient avant une opération sans avoir recours aux anesthésiants classiques .

 

Elle ne peut pas être effective lorsqu’il s’agit d’une anesthésie générale, l’intervention de l'hypnose n'est pas suffisante pour une chirurgie qui est trop importante. 

En revanche, « nous proposons aux patients qui nécessitent une anesthésie locale, comme par exemple pour une ablation de la thyroïde ou une intervention dentaire, d’avoir recours à l’hypnose pour se faire anesthésier. »

Barbara est chirurgienne au CHU de Bordeaux, pour elle l’hypnose est la solution.

 

« Cela garanti un meilleur rétablissement après l’opération. Une anesthésie classique peut procurer des effets secondaires indésirables. Comme par exemple des migraines, des maux de gorge ou encore comme le plus souvent des vomissements ou des nausées. »

 

 

Hypnosédation au bloc opératoire

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 «Avant toutes opérations et anésthésies le plus important c'est l'accueil du patient, à savoir la préparation à la séance d'hypnosédation. Il faut toujours expliquer ce qui va se passer, c'est le meilleur moyen de rassurer. Il faut connaitre la personne à qui nous nous adressons, ce qu'elle aime ce qu'elle n'aime pas, ce qui lui fait peur. Ses réponses vont nous aider à angler la séance.

Il faut également determiner quel canal sensoriel lui correspond le mieux. Si c'est l'audition, le patient fermera alors les yeux et tout se passera à l'oral. Si c'est plutôt la vue, il est possible de s'aider d'images ou de vidéos.

Pour garantir le bon fonctionnement de l'hypnose on peut la combiner à une légere sédation intrvaineuse, pour rendre le patient plus réceptif. L'anesthésiste accompagne le patient pendant toute l'opération, nous lui parlons, nous l'encourageons, nous le dirigeons.»

Cléa est infirmière-anésthésiste au CHU de Créteil et pratique l'hypnose depuis 3 ans.

En grec, hypnose signifie sommeil, effectivement c’est un état qui se rapproche de l’endormissement. Mais être hypnotisé ne veut pas dire que nous dormons. Lorsque l’on se fait hypnotiser nous rentrons dans un état de conscience qui est modifié. Toutefois le cerveau active de nouvelles zones qui rendent le patient plus sensible et le pousse à se concentrer, chose impossible lorsque nous sommes endormis

« Pour que la sédation fonctionne il faut que le patient soit réceptif à l’hypnose. Sans sa coopération et son accord  il est impossible pour nous, anesthésistes, de guider le malade vers l'hypnose. »

En étroite collaboration avec les chirurgiens et les patients

 

 

L'hypnose s'installe à l'hôpital

 

Par Marie Gérald et Clara Bevilacqua Poretzky

L'hypnose se poursuit pendant la chirurgie, les anesthésistes et les médecins doivent s'associer pendant l'opération . Cela demande de la coordination, et à l'ensemble médical de bien s'entendre et se comprendre dans leur travail.  « L'anesthésie par hypnose ne comporte pas de risque mais peut rajouter quelques difficultés » nous explique Barbara médecin au CHU de Bordeaux. « Pendant l'hypnose le patient peut rencontrer une difficulté, et commencer à s'agiter. Dans ces cas là on attend, il ne faut surtout pas se précipiter. L'anesthésiste va poursuivre son hypnose, en encourageant le patient, et en le guidant dans une direction pour lui faciliter la tâche, puis l'opération pourra reprendre.» 

C'est pourquoi la préparation est d'autant plus importante avec une sédation comme celle-ci, le médecin, l'infirmier et le patient travaillent tous les trois ensembles.

Des formations d'hypnose qui s'installent 

Les facultés de médecine

 

Chacune leur tour les univesristés s'y mettent. Un diplôme universitaire (DU) se met en place pour les étudiants qui se vouent à devenir de futurs médecins, infirmiers, dentistes ou encore sages-femmes. L'univeristé Claude Bernard Lyon-1 fait notamment partie de celles qui propose depuis 2017 une formation d'hypnose pour ses étudiants en médecine. Une formation qui vise à maitriser les outils hypnotiques généraux et les techniques spécifiques. Tout en apprenant à utiliser l'hypnose dans des circonstances variées grâce aux nombreux exercices.

Les hôpitaux

 

« Dans le sevice nous sommes nombreux à réclamer des formations en hypnose »Barbara et ses collègues s'impatientent, les fomations en hypnose médicale se font rares au CHU de Bordeaux, et ne sont pas encore accessibles à tout le personnel. Pour l'instant priorité aux infirmières, « j'étais agréablement surprise de voir un interêt plutôt général pour l'hypnose. Je travaille avec des médecins chirurgiens qui sont là depuis un bon moment, qui sont les doyens de la médecine francaise et qui ne sont pas si réticents de voir de nouvelles formes d'anesthésies s'installer dans le bloc opératoire ». À Bordeaux, comme dans tous les hôpitaux, le personnel soignant à accès à une formation de trois jours théorique et pratique sur l'hypnose médicale.

L'institut Francais d'Hypnose

 

L'institut fondée en 1990 est un centre de formation et de recherche exclusivement dédié à l'hypnose. Elle propose plusieurs modules de formations qui s'adressent aux différentes professionels de santé. Les formations partout en France qui consistent à transmettre les différentes techniques hypnotiques utiles à l’accompagnement des patients dans leur parcours péri et per-opératoire. « Pour garantir une hypnose efficace il faut savoir accompagner le patient dans toutes les étapes, depuis leur chambre,  par le temps d’anesthésie et d'operation et jusqu'à la salle de réveil.

Les demandes de formations sont continuellement croissantes,, notamment depuis 5 ans. Si au début les médecins etaient réticents on observe aujourd'hui un changement dans les mentalités, une évolution par rapport à ce mode d'anésthésie. » : Christine Berlemont, infirmiere et formatrice à l'Institut Français d'Hypnose.

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Tout le monde ne voit pas cette pratique du bon oeil, que ce soit les médecins ou même les patients. Le docteur Petzoldt, est médecin généraliste aux Lilas, pour lui l'hypnose c'est pour "le cirque". 

« Oui l'hypnose à son origine était liée à la médecine, mais c'est surtout une pratique de charlatan. J'ai des amis médecins en hôpital qui me disent que l'hypnose vient les envahir au bloc. Pour rassurer les enfants avant une opération c'est bien mais de la pratiquer en tant qu'anesthésiant lui même  c'est du grand n'importe quoi, et je trouve çà très dangereux. Alors il parait que ça marche de temps en temps, mais est ce que ca vaut vraiment le coup de risquer un accident ? Pour moi pas du tout ! ».

 

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Une certaine réticence

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Il y a deux ans Catherine a affronté son cancer du sein et souhaite aujourd’hui faire appel a une chirurgie plastique pour sa poitrine. Il lui a était proposé pour son anesthésie post-opératoire de passer par l’hypnose mais elle s’y est fortement opposé.

 

« Ce n’est pas que je ne crois pas à l’hypnose je l'ai fait pour arréter de fumer et ça a très bien fonctionné ! Mais je ne l'a pense pas adaptée pour une opération. Je ne veux pas avoir mal et ce n’est pas en me racontant une histoire que je vais être anésthésiée. Imaginez que ca ne marche pas et que je me reveille en pleine opération !.. Non non j’ai trop peur, je ne veux prendre aucun risque ». 

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L'hypnose médicale est maintenant trés répandue dans le milieu hospitalier. Si quelques médecins et patients restent encore à convaincre, une majotité l'emporte sur son efficacité. Comme le confirme l'Institut Francais d'Hypnose, et les médecins en hôpital, les mentalités changent, et les demandes augmentent.

L'hypnosédation semble avoir fait ses preuves dans le domaine médical.